Raymond nous propose de découvrir ses interprétations d’œuvres célèbre, laissez vous guider au travers de ce fil rouge qui sera édité à chaque nouvelle création.
L’œuvre « La charrette » appelée aussi « Le retour de la fenaison » de Louis Le Nain (1641).
Il s’agit aujourd’hui de Louis car ils étaient trois frères : Antoine, Louis et Mathieu tous les trois peintres et bien souvent il était difficile de savoir à qui appartenait une de leurs œuvres car ils signaient de façon indifférenciée.
Louis Le Nain 1593 -1648 : nous sommes près de deux siècles avant l’angélus de J.F. Millet. Ici ce tableau dit « de genre » à été peint en atelier et certainement après que Louis ait fait des croquis ou des esquisses de préparation. Les personnages sont empreints de dignité et de gravité, les habits soignés, peu adaptés aux travaux des champs. Nous sommes au siècle des lumières, si certaines classes sont favorisées, la classe paysanne qui représente 80% de la population française dans sa majorité ne possède pas la terre, elle la cultive. Elle est en grande majorité dans la misère. Je pense que l’artiste idéalise une scène paysanne plus qu’il n’en apporte un témoignage.
Ainsi que je vous en parlais dans mon article précédent les artistes de l’école de Barbizon auront un contact bien plus proche de la réalité du travail de la terre.
La scène se passe ici en été mais le ciel semble menaçant, la lumière donne des couleurs plutôt crayeuses, des tons gris bleuté. Les personnages et les animaux viennent malgré la menace égayer de couleurs plus chaudes l’ensemble de l’œuvre. L’on peut penser que vu la menace du temps, les foins devaient être rentrés sans tarder. Seulement le calme des personnages ne semble pas adapté à cet instant, ils semblent plutôt poser pour l’artiste et je pense que c’est ce qui a du se passer dans son atelier. C’est bien là une scène de genre imaginée avec beaucoup de talent.
La scène n’en est pas moins plaisante et intimiste d’une certaine manière de la vie paysanne.L’œuvre « La charrette » appelée aussi « Le retour de la fenaison » de Louis Le Nain (1641).
le 16 avril, une nouvelle oeuvre nous est proposée par Raymond
Le Tricheur de Georges de la Tour (1592 1652). Ce décor fait suite au 1er décor que je vous avais fait découvrir au début de l’année « L’adoration des bergers », certes un sujet bien différent.
Georges de la Tour était natif de l’est de la France. Carrefour entre la France, les Pays Germaniques et l’Autriche, en ce 17ème siècle cette région va subir de nombreuses influences politiques et religieuses.
Ce qui marque l’œuvre de Georges de la Tour c’est cette lumière artificielle (bougies …) je dirais que son œuvre est baigné dans un clair obscur lumineux, cela peut sembler contradictoire mais cet effet lumineux de l’œuvre est plus représentative d’une pensée que d’une réalité. Ici quatre personnages réunis dans une auberge jouent aux cartes pour de l’argent. La lumière ou l’ombre sur les personnages nous informent sur leur valeur morale. Ce qui est frappant chez La Tour également, ce sont les regards. Si le regard est la porte de l’âme, je crois que pour lui, il en traduit souvent l’esprit dans ses œuvres.le 16 mai, une nouvelle oeuvre à découvrir sur place
En vous présentant l’Angélus de Millet je vous avais dit qu’il était le fondateur de l’école de Barbizon. Les paysagistes travaillaient en plein air grâce à l’apparition de la peinture en tube. Plus besoin de préparer à l’atelier ses couleurs. Avant eux quelques peintres anglais s’étaient déjà essayés, notamment John Constable. Le décor que j’ai réalisé représente « La vallée de Dedham » dans l’Essex à la limite de l’Essex et du Suffolk au nord est de Londres (100km). Constable y est né et y a peint de nombreuses toiles, au point que la région est appelée « Constable country »Il a d’abord réalisé un croquis quelques années avant de peindre ce sujet en 1802. Aujourd’hui la toile est conservée au Victoria and Albert Museum de Londres.
Maintenant en observant plus minutieusement l’œuvre on est étonné de découvrir au premier plan dans le sombre de la forêt une femme et son nourrisson. A proximité d’une sorte de tente faite de branchages montés en faisceau recouvert d’une toile. Que fait cette femme dans ce décor sauvage ? Une grave crise économique et politique sévit en Angleterre dans le premier quart du XIXème siècle, la misère touche en profondeur les classes populaires. Cette femme peut très bien représenter les sans domiciles fixes de cette époque.Lorsque nous regardons un tableau de Constable c’est souvent comme au travers d’une fenêtre qui s’ouvre sur un paysage lumineux (voir 1*). On y voit bien souvent à distance un personnage occupé, John Constable le peint de loin mais décrit peu son activité comme le feraient les artistes de Barbizon (voir2*).Si les œuvres de Constable s’ouvrent comme une fenêtre sur un vaste paysage on peut dire qu’elle s’ouvrira aussi sur les œuvres des impressionnistes.
Comme je vous l’avais promis je reviens sur les artistes de l’école de Barbizon à nouveau avec Jean Françoise Millet. Voyez-vous les artistes « réalistes » vont plus loin dans cette réalité du travail de la terre, ici deux bucherons la position de leurs jambes, et dans l’ensemble de leur corps sont tendus par l’effort. Les habits n’ont pas été mis pour poser en atelier comme dans le tableau « La charrette » de Louis Le Nain. Seul ici manque le bruit de la scie. Cela me ferait dire comme ce poète Grecque du Vème siècle av. J.C. (Sémonide de Céos) « La peinture est une poésie muette, la poésie est une peinture parlante”. Toutes les formes d’arts se complètent et se partagent le langage ; par exemple entre autres, le mot palette et le mot gamme servent aussi bien pour la peinture que pour la musique et l’on peut trouver bien d’autres exemples.
L’école de Barbizon, pourquoi ce lieu est-il devenu célèbre ? Car Barbizon petite bourgade située dans la banlieue de Paris est proche de la forêt de Fontainebleau qui offrait une diversité de paysages et d’activité manuelles et agraires.
Les peintres s’y retrouvaient dans une ambiance joyeuse et chaleureuse. La mère Ganne qui y tenait une auberge leur offrait gîte et couvert pour un prix modique et parfois contre une œuvre. On peut y voir maintenant maintes peintures en trompe-l’œil réalisés sur buffets ou portes également des ébauches et peintures sur les murs. Le trompe-l’œil pouvait-il tromper aussi parfois leur faim sans bourse déliée ? Tous animés par la passion de l’art ne vivaient pas toujours dans l’opulence mais ils savaient l’un l’autre se secourir dans bien des cas. Une « école artistique « permettait aux artistes d’échanger leur découvertes et c’est ainsi que l’on peut trouver des mêmes sujets repris pas plusieurs artistes et il est parfois difficile de définir quel est l’auteur d’une œuvre s’il n’y avait pas sa signature ? Régnait une véritable effervescence créatrice en chacun d’eux. Cette école à fait des émules parmi les peintres étrangers. Le petit village à l’époque comptait 80 paysans avec l’arrivée de ces passionnés il grossit de 20 artistes. Bientôt leurs œuvres commencèrent à couvrir les musées nationaux de France et notamment des U.S.A. et du Japon. Barbizon est devenu un site artistique mondialement connu.
L’on peut citer parmi les principaux artistes de l’époque:
Jean-François MILLET — 1814-1875
Julien Dupré bien que tardivement émule de l’école de Barbizon il y restera toute sa vie, surtout considéré comme peintre animalier. On peut le rapprocher de Jean François Millet pour son gout de la ruralité. Né à Paris d’une famille aisé il se dirige rapidement vers des études artistiques. Il entre dans l’atelier de Désiré François Laugé dont il épousera la fille ainée Marie. Son beau père peintre et poète l’introduira dans les Salons parisien où il obtiendra récompenses et prix. Il n’abordera jamais l’impressionniste comme un rêveur mais comme un paysan car pour ceux-ci la nature et les animaux sont là pour les faire vivre. S’il est artiste peintre il a l’âme d’un paysan. Guy de Maupassant qui parcourait les expositions disaient « des peintres réalistes ; ils ont remplacé les vénus et les amours par de solides paysans ». Julien Dupré est certainement un des plus grands observateurs de la vie paysanne. Chaque geste de leur travail est croqué avec justesse l’on dirait qu’il en a fait l’expérience avant de peindre sur sa toile, ne dit-on pas « on devient forgeron en forgeant » ?
Dans cet œuvre l’on peut imaginer une fin d’une belle journée de juin, le soleil disparaît à l’horizon, il faut faire vite pour rentrer le foin avant la nuit et son humidité. Au loin au bout des prés les hommes s’activent pour faire des meules et un chariot tiré par des chevaux avancent entre les rangs, Un homme fourche en main en haut du tas charge rapidement ce foin embaumé. La femme est venue pour aider les hommes mais semble habituée à l’exercice. Dans l’œuvre de Dupré l’on retrouvera souvent cette femme en bergère en laitière ou poussant une brouette souvent avec le même vêtement assez élégant. Emmenait-il son épouse avec lui ? Ce n’est qu’une supposition de ma part mais cela ne serait pas le seul artiste en cause, la femme pouvait servir de modèle et d’inspiration (voir Cézanne, Monet, Renoir etc.).
Nombreuses de ses toiles sont maintenant dans les musées du monde et y célèbre la vie de nos campagnes d’antan.
le 16 aout 2021 Raymond nous propose une reproduction sur bois découpé
Les bassins avec nénuphars ou nymphéas vont devenir un sujets primordial à partir de 1883 pour Claude Monet. C’est à cette époque que Claude Monet achète une propriété à Giverny en Normandie il la fera restaurer et créera un jardin avec bassins, pour cela il avait demandé l’autorisation de détourner une partie d’un bras de l’Elpe qu’il peindra d’ailleurs à plusieurs reprises (voir les peupliers au bord de l’Elpe). Les bassins lui donnaient la possibilité d’observer les reflets de l’eau à différents moments de la journée et des saisons en suivant la course du soleil. C’est à cette époque où Monet sort des difficultés financières. C’est à cette époque aussi qu’il peint des séries sur un même sujet : les meules, la cathédrale de Rouen, les peupliers, les nymphéas. Il peindra dans sa propriété jusqu’à sa mort en 1926. En 1906 une exposition appelée « Les nymphéas » réunira 48 de ses œuvres sur ce sujet. L’exposition aura un très grand succès. L’une de ses œuvres la plus importante des nymphéas sera exposée à l’orangerie à Paris. Il faut dire que Georges Clemenceau était ami et admirateur de l’œuvre de Monet. Clemenceau habitait à Bernouville prés de Giverny en Normandie. Pendant la guerre de 1914 1918 Claude Monet avait promis à Georges Clemenceau de peindre un grand tableau pour remercier la France en cas de victoire. Clemenceau dut insister à plusieurs reprises pour que Monet s’y mette. Il du faire construire alors un nouvel atelier tout vitré pour exécuter cette œuvre gigantesque qui fait partie d’un ensemble de 8 panneaux de 2m de haut et d’un total de 91m de long l’ensemble sera réparti dans deux salles de l’Orangerie. Aujourd’hui on peut toujours y voir onduler les reflets de la nature sur l’eau et en s’approchant de l’œuvre on y découvre une multitude de traces de couleurs qui à distance irradie la lumière. Clemenceau intervint pour la faire exposer plutôt à l’Orangerie (ancien jardin de l’orangerie des Tuileries) que dans le nouveau musée Rodin. C’est en 1922 que la donation de Claude Monet fut acceptée par l’Etat, l’inauguration de l’exposition eu lieu le 17 mai 1927 en présence de Georges Clemenceau Président du Conseil, Monet étant décédés en 1926.
Monet demeure l’un des plus grands peintres de l’école impressionniste qui aura marquée profondément l’art du 20ème siècle.
Je reviendrai sur l’œuvre de Claude Monet un temps prochain.
9ème décor de « Merci les artistes »
Je dirai de Pissarro c’est le peintre du bonheur tranquille, il incarne pour moi « la douce France ». Bien que d’origine étrangère, il était né à St Thomas des Antilles qui était sous pavillon Danois à l’époque*. Son père était négociant et la jeunesse de Pissarro fut heureuse. A 22 ans il quitte cette tranquillité pour entrée en peinture comme l’on entre dans une profession, il travaillera avec acharnement et honnêteté toute sa vie.
Il fera d’abord la connaissance de Corot et ses œuvres en seront fortement influencées au début mais très vite le côté académique de son art le laissera insatisfait. Pissarro a besoin d’être dans le vrai. Courbet lui fera découvrir les peintres réalistes notamment Monet, Cézanne, Sisley et Bazille qui lui resteront toujours fidèles n’hésitant pas à l’aider car Pissarro devra faire vivre une famille de six enfants.
Je disais douce France en effet dans le tableau que je reproduis aujourd’hui « Entrée du village de voisin » (dans la commune se Louveciennes près de Paris) Pissarro nous fait vivre un après-midi de septembre sous un doux soleil d’automne. Un chemin herbeux conduit au village où l’on aperçoit les maisons ensoleillées. Un homme qui conduit un chariot tiré par un cheval, s’est arrêté pour prendre des nouvelles d’une connaissance qui passait par ce chemin. Le cheval attend tranquillement en broutant certainement quelques brins d’herbes sous ses pattes. Le temps semble s’être arrêté, la douceur de vivre paraît être éternelle comme dans la chanson de Nino Ferrer « dans le sud »
*(Racheté aux Danois par les Américains en 1917) *(extrait de R. Malvano dans Grands Peintres)Merci Monsieur Pissarro pour ce moment d’éternité. Raymond Weytens
16 octobre 2021
Je vous ai parlé de Pissarro et je pense que je ne peux pas manquer de vous parler de Sisley ; ils sont pour moi complémentaires dans leur art et unis dans leur sensibilité artistique. Je dirais que Pissarro est le chantre du printemps et de l’été et que Sisley est celui de l’automne et de l’hiver. Sisley ce sont ces teintes ocrées, brunes, orangées et dorées que nous donne l’automne, tantôt douces et délicates comme dans ce tableau « Bord du Loing » que je reproduis ici, tantôt humides et empreintes de nostalgie comme dans des œuvres telles que « Le remorqueur 1883 – La route du vieux passage 1880. Bien sûr aussi bien Pissarro que Sisley peindront toutes les saisons mais pour moi je les sens au plus haut de leur talent dans ce choix. Sisley est né le 30 octobre 1839 de père anglais lui-même né en France d’une mère anglaise, tentera de se faire naturaliser Français par deux fois, mais la mort ne lui permettra pas d’y aboutir. Son père était installé à Paris et gérait la succursale d’une entreprise de fleurs artificielles de Londres. Dans son adolescence le jeune Alfred sera envoyé dans la capitale anglaise pour y apprendre le commerce, mais plus attiré par les musées il y découvrira les œuvres de Turner, Bonington et de Constable. De retour à Paris il obtiendra de ses parents de rentrer en art, certainement sous l’influence de sa mère plus attirée par le monde artistique que par le commerce. En 1862 dans l’atelier de Charles Glaise il fera la connaissance de Renoir, Monet et Bazille dont l’amitié sera indéfectible tout au long de sa vie. Il fera ses premières œuvres en présence de Bazille dans les bois de châtaigniers à la Celles-Saint-Cloud près de Paris. Ces trois amis sont attirés par les œuvres de Constable et Turner que Sisley connait bien. Leur objectif : peindre en plein air. Ils se rapprocheront des peintres de Barbizon en peignant en Forêt de Fontainebleau, Chailly-en-Bière et Barbizon.
En 1865 il rencontrera une jeune parisienne Marie Lescouezec qu’il épousera contre l’avis de son père. Dans un tableau de Renoir intitulé « Les fiancés ou la famille Sisley »1* on pourrait croire à tort à une représentation de ce couple. Sisley aurait plutôt été un figurant au bras d’une autre connaissance Marie Bracquemond : elle-même artiste peintre et graveur.
De son union avec Marie, il aura trois enfants : Pierre, Jeanne et Jacques. Il en fera des tableaux touchants d’affection : portrait de Jeanne et le jeune Pierre écrivant (Renoir en tant qu’ami les peindra aussi) C’est à cette époque qu’il sera accepté au Salon officiel avec trois œuvres de rues de Marlotte (Bourron-Marlotte S.et M. près de Fontainebleau)
La situation de son père lui permet de vivre aisément bien qu’il vende peu. La guerre de 1870 va changer radicalement sa vie. Son père fait faillite. IL quittera Paris et s’installera à Louveciennes d’où ces œuvres d’une grande fraîcheur : « routes de Louveciennes » (2et3*) en automne et en hiver. Il rencontre Paul Durant Ruel marchand de tableaux qui lui achètera au long de sa vie une centaine de ses œuvres mais sa situation financière restera toujours précaire car il sera très tardivement considéré comme un grand peintre impressionniste. Le prix de ses œuvres restera toujours modeste comme l’homme devait l’être. II n’aura jamais les relations qu’a eues Monet avec Georges Clémenceau et Ernest Hoschédé ce mécène et amoureux de l’art.
Aidé de ses amis et de Durant Ruel il tentera deux expositions personnelles mais le succès ne viendra pas.
Ce n’est qu’en 1888 « Matinée de septembre» (4*) peint en 1887. Première de ses œuvres acceptée au Salon officiel.
La fin de la vie de l’artiste est bien triste après la mort de sa femme d’un cancer en 1898. Il décédera du même mal en 1899, n’ayant pas les finances pour appeler un médecin ce sont ses amis qui viendront à son secours. Monet organisera la vente de ses œuvres et c’est bien tardivement que son talent sera reconnu. Sisley sera l’artiste modeste, bon et aimant profondément la nature. Nous pouvons dire qu’il a bien gagné sa place parmi les grands noms de l’impressionnisme.
(1*) Musée Wallraf-Richartz – Cologne Allemagne (2et3*) collection particulière et Musée du Louvres (4*) USA Buffalo – galerie d’art Ambright-knox
16 Novembre 2021
Je vous ai déjà parlé de Claude Monet lors d’un précédent tableau et je vous en reparlerai plus longuement une autre fois. Si aujourd’hui je l’associe à cet autre peintre : Eugène Boudin, moins connu il est vrai, c’est qu’il a eu une importance capitale dans la carrière de Claude Monet. J’ai eu l’occasion il y a bien des années de lire une anecdote sur Claude Monet alors adolescent qui habitait avec ses parents Le Havre et aimait dessiner des caricatures de personnages connus.
Boudin était artiste peintre dans la région d’Honfleur. Le Havre et Honfleur deux citées situées à 25km l’une de l’autre, chacune sur une rive opposée de l’embouchure de la Seine étaient reliées par un bac. Il était donc facile de se rendre d’une ville à l’autre.
Monet exposait ses caricatures chez son marchand de matériel à dessin où certainement Boudin venait acheter ce qui lui était nécessaire pour sa propre production. Boudin ayant remarqué les dessins de Monet, il chargea son marchand de couleurs de demander à Monet de le rencontrer. Il considérait que ce jeune avait du talent mais il avait certainement des œuvres plus intéressantes à réaliser. Boudin était né en 1824, Monet en 1840, ils avaient 16ans d’écart. Si pour un adulte cette différence a peu d’importance, pour un adolescent il n’en était pas de même. Cette anecdote peut se situer entre 1856/1858 et Monet ne tint pas à y répondre car l’œuvre de ce « vieux peintre : 32/34 ans !» ne lui disait rien. Le hasard voulut qu’un jour les deux personnages se rencontrent dans le magasin de peinture. Monet n’osa pas refuser l’invitation de Boudin à venir le voir peindre un matin au bord de la Seine. Quel ne fût pas l’émerveillement du jeune Monet devant le talent de Boudin. Monet devenu un peintre célèbre dira « Si je suis devenu un peintre, c’est à Eugène Boudin que je le dois » Monet commencera ses premières toiles à l’été 1858. Les bords de Seine seront des lieux importants dans l’œuvre de ces deux peintres.
J’ai choisi ici de reproduire l’une des œuvres de Monet « Impression soleil levant » mondialement connue, œuvre aujourd’hui considérée comme le départ de l’école impressionniste. Monet a peint cette toile durant l’hiver 1872/1873 de la fenêtre de l’hôtel de l’Amirauté au Havre. A cette époque de gros travaux étaient entrepris sur les différents quais mais l’ensemble était noyé dans la brume hivernale. Monet considéra qu’il était difficile de donner un titre rappelant un lieu précis et c’est pour cela qu’il donna à son œuvre le mot« Impression ». Il peint certainement ce tableau d’une seule séance rapide afin d’en saisir la sensation brève de cet instant. Le tableau fit partie du 1er salon des peintres et graveurs indépendants dans l’ancien atelier de Nadar. Le titre vague de son œuvre provoqua la risée du public suite à un article paru dans le journal satirique Le Charivari dont l’envoyé de presse Louis Leroy homme très conservateur ridiculisa le mot « impression ». Il se servit de ce mot pour décrire le flou qui pouvait faire croire que ces jeunes artistes avaient peu de pratique et se contentaient d’une impression pour croire en eux. Suite à cet article un grand amateur de l’art nouveau Jules Castagnary utilisa ce titre d’une façon positive en nommant ces peintres des impressionnistes.
La toile d’Eugène Boudin « Le Havre, coucher de soleil à mer basse » a été peinte vers 1884, certes plus classique de style mais néanmoins peinte sur place. Boudin est certainement le précurseur de la peinture en plein air d’où l’impressionnisme. De prime abord Il n’était pas destiné à être peintre. Son père étant marin, il sera d’abord mousse sur un bateau à vapeur assurant la liaison entre Le Havre et Honfleur. Son père le fera entrer ensuite chez un imprimeur puis comme commis chez un papetier encadreur. En 1844 à 20 ans avec un associé il fonde sa propre boutique de papetier encadreur et c’est la qu’il aura l’occasion de rencontrer nombre d’artistes peintres. Il se met à dessiner sous les encouragements de J. B. Millet et Thomas Couture. A 22 ans il abandonne le commerce et se consacre totalement à la peinture. Grâce à l’aide de ses amis peintres il obtient du Conseil municipal du Havre une bourse d’étude de 1200F par an renouvelable trois ans pour étudier l’art à Paris. Il deviendra surtout un peintre de marines. Il fera aussi beaucoup de petites toiles représentant les baigneurs et baigneuses sur la plage car c’était la grande mode sous Napoléon III. Ces petites toiles seront achetées par la bourgeoisie sans vraiment en comprendre la valeur artistique mais comme souvenirs de vacances. Si ces ventes permettaient à Boudin d’en vivre, il aspirait à une peinture plus profonde. La lumière est omni présente dans son œuvre, proche de celle des impressionnistes dont il ne fera pas vraiment partie. Partageant son temps entre Paris et Le Havre il restera toujours un artiste régionaliste.
16 Novembre 2021
J’ai déjà réalisé deux reproductions de cet artiste : « l’adoration des bergers » et « Le tricheur » en janvier et en avril de cette année. Vous pourrez y retrouver quelques informations sur cet artiste.
« Saint Joseph charpentier » une œuvre découverte en 1938 et après recherches attribuée à Georges de la Tours et datée entre 1638 et 1645, reconnue authentique en 1942 elle est entrée au Louvres en 1948.
Cette œuvre est considérée comme le chef d’œuvre de Georges de la Tour, rien ne semble préciser qu’il s’agit d’une œuvre religieuse hormis le nom de Joseph, l’enfant n’est pas nommé. La scène décrit un atelier de charpentier avec les outils, les vêtements de Joseph et l’enfant sont simples, il y a là qu’un apprenti et son maitre mais chacun peut comprendre. Cette œuvre décrit une période de l’enfance de Jésus dont nous n’avons que peut de renseignement hors mis la « Présentation au temple » vers l’âge de 12 ans, ici l’artiste semble situer vers la même époque la représentation de Joseph et Jésus.
Pour ma part l’œuvre est très intimiste et chargée de symbolisme.
Joseph semble âgé cela peut tout à fait correspondre à une réalité, les écrits ne parleront plus de Joseph après la présentation au temple (était-il décédé ?). Il est en train d’enseigner à Jésus le métier de charpentier que celui-ci a certainement exercé durant les années qui précédent le début de son ministère. Peut-être resté seul avec sa mère, veuve de Joseph a-t-il subvenu à leurs besoins par son travail ? Il était homme et Dieu.
Joseph le pied sur une pièce de bois perce un trou avec une tarière, que pensait Joseph dans le silence de son atelier ? Peut-être à tout ce qu’il avait vécu depuis la naissance du Christ ? Perce ou creuse ? Se creusait-il l’esprit pour comprendre comment avait-il été choisi pour être le père adoptif du fils de Dieu ? La pièce de bois semble être rattachée perpendiculairement à une autre pièce plus grande ce qui ferait penser à la croix ? L’enfant éclaire Joseph d’une bougie, la plupart des œuvres de Georges de la Tour sont éclairées de cette lumière mais ici celle-ci prend un sens symbolique : le Christ lumière du monde. Eclairait-il ici son père terrestre pour l’aider à comprendre ce qu’il recherchait ? L’enfant lui-même est plein de lumière, cette scène est très belle et pleine d’un amour silencieux. Très belle représentation du rôle de père dans la vie de l’enfant, rôle souvent représenté dans les œuvres d’artistes d’une façon voilée, l’homme étant moins démonstratif de sa tendresse vis-à-vis de l’enfant que la mère. Très belle œuvre pour l’époque de Noël.
Merci Georges de la Tour pour ce beau cadeau.
16 Novembre 2021
Noël … et si c’était aujourd’hui ?
Si je me souviens bien c’est en 1998 que le prêtre de la paroisse dont nous faisions partie dans une ville du nord de la France avait lancé un appel aux artistes pour imaginer la naissance de Jésus à notre Noël.
J’avais remarqué qu’en face de l’entrée d’un super marché une grande porte cochère servait souvent d’abri à des S.D.F. Là naitrait le Christ, me suis-je dis ! Marie et Joseph n’étaient-ils pas des S.D.F temporaires et n’allaient-ils pas le devenir pour un certain temps, obligés de fuir en Egypte ?
Ils partaient vers l’inconnu avec un tout jeune enfant. Joseph trouverait-il du travail, un logement ? Dieu avait certainement pensé à cela avec la venue des Rois Mages qui leurs avaient offert l’or, l’encens et la myrrhe*. Je pense que l’or a du leur être utile les premiers temps ?
En 1998 nos boîtes aux lettres regorgeaient de publicités, tous les biens de la terre s’offraient à qui le pouvait.
C’est donc un couple de S.D.F. que je représentais : Marie jeune femme tenant son nouveau né couché dans une boite de carton (trouvée à la porte du super marché), Joseph auprès d’elle, il caresse son chien fidèle compagnon, son sac à dos pour la route et sa guitare contre un mur (son gagne pain quotidien si souvent incertain).
Quel contraste entre ces publicités et cette vision, voici la représentation que je fis pour répondre à ce projet et c’est sous l’aspect d’un emballage de Noël à offrir aux enfants que je vous le présente. Noël jour de l’enfant Dieu.
Cela vous semble t-il impossible ?
*Dans le monastère Saint-Paul du Mont Athos se trouve un reliquaire en or du XVe siècle qui contiendrait ces cadeaux. Après le tremblement de terre d‘Athènes du 9 septembre 1999, les reliques y ont été temporairement exposées afin de raviver la foi et de récolter de l’argent pour les victimes du séisme.
Raymond Weytens (Noël 2021)
16 Janvier 2022
En ce début d’année 2022, Raymond expose des reproductions d’œuvres sur la façade de sa maison.
Je connaissais peu de chose de ce peintre russe hors mis quelques œuvres telles que « Les cosaques Zoporogues » et la « La boïaryna Morozova». Les personnages étaient campés avec tant de vie que je trouvais que ce peintre avait un talent extraordinaire pour décrire la vie du peuple russe et ses légendes de l’époque tsariste d’avant 1918.
Une récente exposition au Petit Palais à Paris (qui s’est terminée le 23 janvier dernier) est une merveille. Elle nous fait découvrir ce peintre qui a connu les impressionnistes lors de séjours en France et qui en a été fortement influencé. Il était venu maintes fois à Paris, il adorait cette ville et il espérait encore à 81 ans y organiser une exposition rétrospective, cela n’a jamais pu se réaliser et ce n’est que plus de 100 ans après que son vœu voit le jour par cette exposition tardive.
Ilya Répine né le 24 juillet 1844 à Tchougoüev en Ukraine. Son père ancien soldat cosaque élève des chevaux, sa mère tient une petite école rurale. Il travaille d’abord comme peintre d’icônes. Après des études de dessin et une formation à l’Académie Impériale des beaux arts il devient à partir de 1878 membre des « ambulants » (groupe de peintres réalistes). Il deviendra professeur de l’Académie impériale des beaux arts de St Petersburg. Dès le début de son activité il s’intéressera à l’actualité de son époque. Il sera l’ami de grands intellectuels tels que le compositeur Moussorgski et l’écrivain Tolstoï. Il sera considéré comme la figure clé du réalisme russe.
IL vivra de longues années en exil en Finlande et mourra à St Petersburg le 29 septembre 1930. Dans une dernière lettre à ses amis il écrira ceci : « Adieu, adieu, chers amis ! Il m’a été alloué beaucoup de bonheur sur cette terre, et j’ai eu de la chance de façon si imméritée. Je suis, semble-t-il, illustre et pourtant je ne m’en suis pas préoccupé. Et bientôt dispersé en poussière, je remercie, je remercie, complètement ému par ce monde si bon, qui m’a toujours si chaudement honoré. »
J’ai reproduit deux œuvres : la première « Libellule » (1884) Répine peint avec tendresse une de ses filles qu’il surnomme « libellule » œuvre fortement influencée par l’impressionnisme, la deuxième « Ils ne l’attendaient plus » (1884/1888) œuvre d’un réalisme saisissant, ici le retour d’un prisonnier certainement politique car cette époque tsariste était déjà traversée par des troubles révolutionnaires. Chaque personnage est décrit par des expressions de visage d’une façon magistrale. On peut dire que sa peinture est parlante, c’est sans aucun doute le summum du réalisme.
Il y a tant à découvrir chez ce peintre et son époque que ma participation est bien modeste malheureusement mais je vous laisse faire vos propres recherches.
16 mars 2022
Qui ne connait pas Vincent Van Gogh, peintre né dans le Brabant néerlandais à Groot-Zendert le 30 mars 1853 mort à Auvers-sur-Oise le 29 juillet 1890.
La plus grande partie de sa carrière va se situer en France sur une durée de 10 années. Je dirai qu’il est l’étoile filante de l’art pictural, mais quelle étoile : un génie !
La toile que je représente ce mois ci est « L’église d’Auvers-sur-Oise ». Celle-ci se situe à une dizaine de kilomètres de Paris, Van Gogh y vivra les 7 derniers mois de sa vie.
Il venait de sortir de l’asile de Saint Rémy de Provence, il était en convalescence chez le docteur Gachet amateur d’art et spécialiste dans les maladies neurologiques. Durant cette courte période Vincent (du prénom dont il signait souvent ses œuvres) va réaliser près de 70 tableaux.
« L’église d’Auvers-sur-Oise » illustre je pense la vie de Van-Gogh. Il faut savoir que son père était pasteur protestant et Van-Gogh après une jeunesse très agitée deviendra aussi pasteur, mais son tempérament extrême le pousse à vouloir imiter le Christ dans une très grande pauvreté à la limite de la clochardisation. Cela le fera renvoyer de sa hiérarchie suite aux plaintes de ses paroissiens. Un autre fait peut expliquer le comportement de Van Gogh et sa souffrance : avant sa naissance ses parents avait eu un autre garçon qu’ils avaient aussi appelé Vincent ce qui fait que Van Gogh ayant son père pasteur se rendait souvent au cimetière (je crois qu’il se trouvait très près de sa demeure). Que pouvait penser un jeune enfant en voyant son prénom et son nom sur une tombe ? Le peintre Dali autre génie vivra le même phénomène mais ses réactions psychologiques seront différentes beaucoup plus rocambolesques que celles de Van-Gogh qui lui sera plutôt neurasthénique et finira par se suicider.
Après différentes recherches pour trouver sa voix dans la vie Van Gogh choisira le dessin et la peinture. Initié au début par un oncle du nom de Mauve, il fera très vite figure d’un talent exceptionnel mais peu reconnu car sa peinture sera tellement personnelle et nouvelle dans l’art qu’elle rebutera tous les amateurs. Son frère Théo vendeur de tableaux à la galerie Goupille d’Amsterdam l’aidera financièrement et moralement toute sa vie mais sans pouvoir le faire reconnaitre à sa juste valeur malgré la position de vendeur dans une galerie célèbre tant à Amsterdam qu’à Londres où il exercera et emmènera son frère Vincent quelque temps.
Si j’analyse ce tableau sur le plan psychologique l’église occupe la plus grande partie du tableau l’architecture semble tourmentée les lignes sont brisées, l’église semble agitée dans la tourmente et de plus sous un ciel plutôt orageux, un chemin qui se sépare en deux comme si Van-Gogh hésitait sur la voie à prendre, ce chemin s’élève vers l’église et semble s’y perdre, là n’est-il pas la représentation de la tourmente de Van Gogh depuis son enfance ?
Il y a tellement de choses à dire sur cet artiste que j’ai du beaucoup condenser chaque événement de sa vie. Je reviendrais bientôt avec une autre œuvre de Van Gogh.
16 avril, 17ème décor de « Merci les artistes »
Maurice Utrillo (1883 – 1955)
Lorsque l’on regarde une œuvre de Maurice Utrillo c’est comme revivre un instant de notre jeunesse ( même si le sujet n’y est pas) c’est comme un bonheur passé qui nous revient et qui nous enchante. Maurice Utrillo était-il naïf ? Certes pas mais lorsqu’il peignait il y trouvait un bonheur d’enfant qui lui faisait oublier le mal qui le rongeait : l’alcoolisme. Enfant naturel de Suzanne Valadon, peintre elle-même après avoir été le modèle de grands peintres : Puvis-de-Chavannes, Toulouse Lautrec, Auguste Renoir, Modigliani et bien d’autres. D’après les témoignages de l’époque c’était une belle femme il vous suffit de taper sur internet « Suzanne Valadon chez Renoir » dont voici quelques œuvres à son honneur peintes par Pierre Auguste Renoir : La natte 1884, Danse à Bougival 1883, Portrait de Suzanne Valadon 1884 » nul ne dira le contraire ! Et pendant les séances de poses Suzanne en observant la technique des peintres apprendra – qu’elle était douée !
De père inconnu Maurice a été élevé par sa mère. Il lui a toujours voué une véritable adoration. Ils habitaient la butte Montmartre qui n’était alors qu’un petit village avec ses fermes et ses artisans avant la construction du Sacré Cœur (ouverture 1885). Montmartre était déjà fréquenté par de nombreux peintres, comme à Barbizon, la vie y était moins chère et très prés des galeries, des musées et au pied de la butte avec son « Moulin Rouge » ses joies et ses plaisirs. Nombreux peintres y ont laissé des œuvres : Renoir, Toulouse Lautrec…
Roland Dorgelès dans « Le château des brouillards » dira : « Chez nous on se serait cru à la campagne. Pas de bus, pas de grands immeubles, pas de trottoirs encombrés … »
Très jeune Maurice s’est mis à boire, il n’était pas rare que des enfants le poursuivent lorsqu’il peignait, un jour ils lui avaient bousculé son chevalet et mis à terre ses tubes et pinceaux. Maurice s’était réfugié au cœur d’une église. Maurice sera tout au long de sa vie le canard boiteux que l’on torture, alors il cherchait la paix dans la peinture. Un jour Francis Carco (le poète) eu pitié de cet ivrogne et lui donna une pièce pour lui permettre de se payer un verre de rouge quelle fut son étonnement quand Maurice Utrillo lui offrit un de ses tableaux !
A 19 ans, sa mère fatiguée de ses incartades, lui avait offert une boite de peinture en lui disant « La peinture ou le cabanon (la prison) ». Ce fût le début de sa carrière d’artiste. Malheureusement malgré sa bonne volonté de se défaire de son démon, l’alcool était plus fort que lui. Il n’était pas rare que Maurice paie son ardoise par une de ses toiles. Maurice était bon bougre et à l’époque peut enclin à chercher l’argent.
Voici la première partie de sa vie jusque 40 ans, je vous parlerai de la suite avec une autre œuvre. A suivre le mois prochain si cela vous a intéressé.
Aujourd’hui j’ai reproduis « le cabaret du lapin agile », lieu bien connu des artistes de l’époque et certainement par Maurice aussi ! Le propriétaire que tous appelaient Gille (nom à différentes orthographes Gill, Gille, Giles) avait un lapin qui gambadait entre les tables pour le plus grand plaisir des clients ceux-ci devaient sans doute tenter de l’attraper avec peu de succès, d’où le surnom du : « cabaret du lapin agile ».
Non ne me croyez pas Là est la version que j’aurais aimé mais celle plus authentique serait que le propriétaire à cette époque demande au caricaturiste André Gill familier des lieux de lui créer une enseigne. Il peint un lapin en redingote verte et foulard rouge (penser à l’affiche de Toulouse Lautrec qui rappelle les Communards). Ce lapin s’échappant de la casserole qui lui est destinée. Le cabaret est alors connu sous le nom « Au lapin à Gill » puis « Au lapin agile ». Une autre version veut qu’un client ayant vu peindre André Gill sur le mur du cabaret aurait lui écrit « là à peint A. Gill » comprendre « ici à peint André Gill ». Enfin il y a eu tant d’artistes en ce lieu que vous pourriez comme je l’ai fait moi-même donner une autre version de ce sujet. Ce cabaret célèbre aujourd’hui a connu d’autres noms au long de son existence. A sa construction en 1795 :« Au rendez-vous des voleurs » puis à partir de 1869 et jusque 1879-1880 « Cabaret des assassins » et enfin comme je viens de vous le conter et encore aujourd’hui « Cabaret du lapin agile ».
16 mai 2022
Je reviens sur Maurice Utrillo qui était né le 26 décembre 1883 au lendemain de Noël de père inconnu. Ce n’est que huit ans après en 1891 que le peintre Miquel Utrillo, un des amants de sa mère, le reconnaitra sans en être le père (générosité, attachement à la mère et à l’enfant ?).Utrillo signera d’abord ses œuvres de « M. Valadon » puis de « Maurice Utrillo Valadon ».
Suzanne Valadon sa mère sera longtemps le modèle de grands peintres qui travaillaient à Montmartre , notamment Auguste Renoir qui l’appelait Maria, mais aussi Van-Gogh et bien d’autres qui étaient parfois ses amants. Suzanne était devenue peintre aussi et l’on pourrait dire d’elle qu’elle était féministe avant la lettre. Elle laissera Maurice élevé par sa mère à la Villa Hochard à Pierrefitte-sur-Seine (actuelle Seine-Saint-Denis). Maurice vouera toute sa vie à sa mère une admiration et un amour filial, amour qu’il vouait aussi à Jeanne d’ Arc et à la Vierge (j’en reviendrais dans le 3ème décor).
Le tableau que je représente aujourd’hui : « La rue Jeanne d’Arc sous la neige » devait être pour lui comme un vœu pieu du fait de l’invocation de Jeanne d’Arc. Maurice par sa terrible attirance pour l’alcool était rejeté par la société, souvent humilié sinon battu, d’où sa sensibilité d’artiste qui lui faisait rechercher des êtres représentant force et amour : sa mère, Jeanne d’Arc et la Vierge.
Dès son adolescence l’alcool déclenche chez lui des moments de démence et de violence qui lui valent des séjours à l’asile et à la prison. Peut-être que ces milieux difficiles lui révèleront son talent . C’est Egard Degas qui lui donnera ses premières notions de dessin et de peinture et lui achètera sa première œuvre.
Je ne pense pas qu’il ait été sur place pour peindre cette toile car trop poursuivi par les gamins il préférait s’inspirer d’une carte postale. Celles-ci lui servait pour les lignes principales du sujet mais en ce qui concernait la couleur il avait vraiment un don et l’on pourrait presque dire qu’un miracle l’habitait.
Vers 1910 il rencontre le peintre Alphonse Quinet et se met à peindre régulièrement ce qui lui permet de vivre de sa peinture. Il produira des centaines d’œuvres et beaucoup de ses œuvres seront plagiées car sa cote monte vite. Je me rappelle avoir vu un article de journal où Maurice Utrillo, sa mère et Miquel Utrillo brulaient des faux dans un air de fête.
Dès 1920 il devient un peintre célèbre. En 1929 il reçoit de l’Etat la légion d’honneur. Pendant une vingtaine d’années il passera sa vie au château de Saint Bernard dont il est devenu propriétaire.
Nombre de ses tableaux représenteront des paysages de neige peut-être par un esprit resté attaché à sa jeunesse. Dans son œuvre il y a peu d’arbres toujours très rachitiques. Comme je reproduis sa toile en découpant sur bois je serai souvent obligé de les faire plus importants tout en jouant avec la couleur pour en atténuer l’importance sans les annuler car ils sont indispensables à l’équilibre de l’œuvre.
Je reviendrai le mois prochain sur la troisième partie de sa vie.
16 juin 2022, les randonneurs peuvent apprécier 3 interprêtations
Maurice Utrillo le maltraité, l’humilié, le mal compris, le dégradé par cause de ce mal terrible qui le poursuivait « l’alcoolisme ». Malgré tous ses efforts, impossible de s’en défaire. Sa seule consolation : sa peinture et même plus, son admiration pour les églises. Quelles soient modestes ou importantes pour lui ce sont des icônes auxquelles il voue une admiration et par lesquelles il trouve la paix. Peu importe qu’elles soient belles ou moches, sous son pinceau elles devenaient chefs d’œuvre, fruits de sa prière picturale. Les premières peintes seront celles de son quartier et bien sur Le Sacré-Cœur. Celle de Deuil que j’ai repris ici surnommée « La petite communiante » achetée 30 francs par Edmond Heuzé* fait partie de sa période blanche.
C’est une des meilleures périodes de Maurice qui pour bien représenter les murs de la
banlieue parisienne dans son œuvre mélangera du plâtre et autre ingrédients à son blanc de zinc (ce que j’ai fait ici dans ma reproduction). Il peindra des centaines d’églises avec une minutie d’architecte se servant de la règle et du té pour le tracé, mais dans l’exécution picturale, là c’est son génie qui fait merveille. Cette période s’achèvera avec la représentation de la cathédrale de Reims en feu par les Allemands. Il avait été bouleversé de cet incendie illustré par un dessin dans un journal de l’époque. Par la suite il s’attachera plutôt à reprendre d’anciennes toiles mais son génie deviendra plus rare. Les églises porteront pour lui le témoignage de sa lutte contre son démon. Chose curieuse jusqu’à cette époque Maurice Utrillo n’avait aucune formation religieuse. Sa religion était les églises qui pour lui représentaient un havre de bonté et l’on pourrait dire comme au moyen âge un lieu de sécurité. Sa conversion se produira brusquement. Surveillé par sa mère et son futur beau-père André Utter, enfermé dans sa chambre à la fenêtre grillagée il tombera par hasard sur le catéchiste de la fille de leur concierge. Cet ouvrage lut d’une traite sera pour lui une révélation. Il venait de découvrir ces mots de paix, d’amour et d’espoir qu’il attendait depuis toujours. Sa grande crise religieuse correspondra avec le mariage de sa mère avec André Utter. Le matin de la cérémonie il fera sa communion en la cathédrale d’Angoulême. Ce sacrement préparé avec une profonde ardeur correspond avec le tableau bouleversant qu’il a peint de la maison de Jeanne d’Arc à Domrèmy au bas duquel il écrivit « Des voix ont conseillé Jeanne d’Arc. Elle m’a conduit à Lucie Valore. Dimanche 14 avril 1935 ». Lucie Valore deviendra son épouse qui veillera sur lui tout le reste de sa vie, lui mesurant les verres d’alcool comme l’on mesure la dose d’un médicament. Décoré de la légion d’honneur il finira sa vie au Vésinet dans un pavillon qui avait abrité Bourdelle avant lui et passera du chevalet au prie Dieu dans un oratoire qu’il avait fait construire dans son jardin.
Raymond Weytens (texte suite à différentes recherches dans les livres d’histoire de l’art et notamment par les écrits de J.P. Crespelle journaliste et critique d’art).
*Egalement peintre aux mille métiers ami de Suzanne Valadon et André Utter
Aout 2022
José Weiss (1859 – 1919)
José Weiss peu connu en France bien que né dans notre Pays en 1859 à Neuilly sur Seine. Il a fait des études en Alsace alors Allemande depuis 1870 et à Paris. Déménage en Angleterre il se marie avec une Anglaise, et prend sa nationalité par naturalisation. Il devient peintre dans le style de l’école de Barbizon, il peint surtout des paysages des environs du Sussex. Il expose à le Royale Académy et vend ses tableaux à de nombreux amateurs et admirateurs Anglais et Américains. On trouvera ses œuvres dans les mussées de ces deux pays. José Weiss s’intéresse aussi à l’aviation, il fera de nombreux dessins sur le vol des aigles et fabriquera quelques prototypes d’avion qu’il présentera à des expositions à Londres et à Paris. S’il est considéré comme un grand peintre dans son pays d’adoption, il sera reconnu aussi comme un pionnier de l’aviation Britanniques. Il meurt le 11 décembre 1919 à Houghton au Royaume Unis. L’œuvre que je représente ici « Harvesting on the South Downs » soit « Moisson dans le South Dows » se situe dans le Sussex et offre des falaises calcaires et de verts pâturages que l’on retrouve dans cette œuvre.
Œuvre magnifique de lumière, les chaumes des blés et les meules font contrastent avec les falaises herbeuses dans le lointain. José Weiss a su créer un espace très aéré avec peu d’élément, le premier plan qui s’éloigne légèrement en pente ajoute une impression d’immensité. C’est vraiment un tableau magnifique tant sur le plan construction que sur le plan couleur. Le spectateur que nous sommes semble entrer dans l’action qui se déroule. Bravo et merci José Weiss pour le bonheur que tu nous à laissé.
Septembre 2022
21ème décor de « Merci les artistes »
Vincent Van Gogh (1853 – 1890)
Le pont de Langlois 1888 (musée Wallraf)
Pendant les vacances vous êtes peut-être passés en Provence et aux abords d’Arles vous avez découvert ce drôle de pont. C’est en 1888, lors de son séjour à Arles, que Vincent Van Gogh découvre ce pont et celui-ci lui rappel les ponts de son enfance en Hollande.
A cette époque, 11 ponts levis de ce genre régulaient la circulation maritime sur le canal d’Arles à Bouc. En 1944 dix de ceux-ci furent détruits, seul celui de Fos fut épargné. En 1959 pour des raisons de voirie ce pont devait être retiré, le Syndicat de la ville d’Arles en fit l’acquisition pour le remonter à un autre endroit sur le canal en souvenir de l’œuvre de Van Gogh.
A son arrivée à Arles Vincent en parle déjà à son ami Emile Bernard. Le pays lui semble beau comme les estampes Japonaises. En haut de sa lettre il en fait un croquis à l’encre de chine avec deux amoureux le long de l’allée de halage. Il fera une série de tableaux sur ce sujet, tantôt avec des lavandières au bord de l’eau, tantôt avec une femme à l’ombrelle ; en regardant ce dernier on pense aux estampes tant sa légèreté dans le tracé et dans ses aplats de couleurs les rappellent. Pour construire son tableau il a tiré des traits au crayon qui représentent les bords du canal et amènent l’œil au pont qui est le point central de son tableau (les techniques modernes de radiographie du tableau ont permis de révéler ces détails)
Van Gogh aurait appelé ce pont le « Pont de l’anglais » mais on peut penser que c’est à cause de sa langue Néerlandaise qu’il aurait mal compris le nom que l’homme qui le manœuvrait lui aurait donné.
Van Gogh séjournera 2 ans en Provence cette période sera une de ses plus riche en création. Le soleil de Provence éclatera sur ses œuvres il suffit de penser à ses toiles sur les tournesols dont il fera aussi toute une série. C’est pendant son séjour qu’il rencontrera en octobre 1888 son ami Paul Gauguin qu’il avait connu à Paris. Ils travailleront ensemble sur les Alyscamps, malheureusement leurs caractères très différents fera que leur relation deviendra très vite orageuse et c’est au cours d’une séance de peinture dans la campagne que Vincent se coupera l’oreille, cette automutilation avait certainement une raison psychologique, Van Gogh fera plusieurs séjours en hôpital psychiatrique notamment à Arles. Il retracera ces anecdotes sur ses œuvres voir : « l’homme à l’oreille bandée » et « le jardin de l’asile d’Arles ».
Son périple en Provence prendra fin le 19 mai 1890 pour Auvers-sur-Oise où il sera suivi par le docteur Gachet peintre et grand amateur d’art Van Gogh en fera un portrait saisissant. Malheureusement en juillet 1890 il se suicidera à Auvers-sur-Oise mettant définitivement la fin à la création artistique d’un grand génie de la peinture.
Octobre 2022 – 22ème décor de « Merci les artistes »
Il y a un an je vous parlais du tableau de Sisley « Le canal du Loing » aujourd’hui je choisis une œuvre que j’aime beaucoup. Je dirai qu’il y règne une paix, un silence et une douceur de ton qui lui sont propres. Si les œuvres de Sisley et de Monet ont souvent une grande ressemblance celles de Sisley sont plus douces plus nostalgiques, Monet cherchant plus l’éclat de la lumière. Sisley tentera plus tard d’apporter dans ses œuvres plus de contrastes (par exemples des ombres plus violettes) mais cela n’est pas dans sa nature. Sisley (1839) Monet (1840) se connaissaient depuis leurs études chez Gleyse et leur amitié sera indéfectible jusque la mort de Sisley. Tous deux attirés par les bords de rivières (La seine, le Loing, La Marne, La Creuse…). Dans cette œuvre un homme solitaire chemine le long d’un sentier qui serpente dans un terrain accidenté. Les hauteurs crayeuses font penser que nous sommes sans doute non loin de l’embouchure de la Seine.
Sisley aura une vie tranquille avec sa femme et ses trois enfants bon père de famille, homme calme et juste.
Sisley représente peu de personnages s’est-il identifié ici seul dans la nature ? Cette hypothèse pourrait représenter le peintre longtemps oublié des grands courants artistiques, il ne sera reconnu qu’après sa mort en 1899 et grâce à son ami Monet.
Décembre 2022 – 23ème décor de « Merci les artistes »
Un matin d’hiver il a neigé tout est silencieux. Monet doit entendre ses pas crisser sur la neige, malgré le froid il a pris son carnet à croquis. Toutes les formes et les couleurs se fondent en une harmonie féérique. Soudain une pie lance son crie dans ce silence et vient se poser sur une barrière où elle peut observer. Son plumage noir contraste avec le blanc de la neige et le blanc de son ventre se lie à celle-ci. C’est le déclique pour Monet, il trace rapidement sur son carnet la scène et pour les couleurs cela n’est pas un problème car tel un morceau de musique il l’a en lui. Il ébauchera son tableau à l’atelier, mais il a déjà choisi son format, celui-ci étant peu courant 80x130cm, il lui faudra le commander (on a retrouvé son désir dans un courrier à son ami Frédérique Bazille). Il reviendra surement sur place par la suite pour une ébauche des différents plans : horizontalité de la haie des barreaux de la barrière et des nuages. Pour équilibrer l’ensemble la verticalité des arbres des piquets à peine visibles de la haie et aussi de la barrière. Vue la spontanéité du moment et le froid le tableau a du être peint en effet à l’atelier un détail peu peut-être le confirmer : la pie à sa queue tournée sur la droite mais son ombre est tournée vers la gauche petite erreur involontaire et sans importance.
La beauté de l’œuvre réside surtout dans l’harmonie des blancs et dans des contrastes de pastels qui en donne l’éclat lumineux, les fonds brumeux sont vaporeux c’est d’une extrême sensibilité, une certaine tristesse aussi en 1869 Monet traversait une crise de désespoir, il n’avait que 28 ans il pensait à cette époque de n’être jamais reconnu comme artiste et pourtant il travaillait avec acharnement. La scène se trouve prés d’Etretat où depuis quelques années il peint des séries sur les célèbres falaises par tous les temps et toutes les lumières du jour, bien que le mot impressionniste n’était pas encore nait son travail l’était déjà réellement.
Son tableau « La pie » sera refusé au salon de 1869 au prétexte d’un travail pas assez achevé, aujourd’hui il a trouvé sa place au Musée d’Orsay parmi bien des chef-d’œuvre impressionniste.
Décembre 2022 – 24ème décor de « Merci les artistes »
Cette œuvre est toute en symboles puisés dans les textes bibliques :
La Vierge lors de l’annonciation avait environ 13 ans, l’âge ou une jeune fille pouvait se marier en Palestine à l’époque. Elle était promise à Joseph le charpentier, il devait avoir 10 à 15 ans de plus qu’elle, il avait un très bon métier. Marie devait vivre chez ses parents Anne et Joachim. On pouvait s’attendre alors à ce que Fra Angelico représente un intérieur comme l’on peut en trouver encore en Palestine de nos jours mur de pierre ocre, atmosphère assez sombre seule une petite fenêtre sans vitre ou la lumière du matin filtre. Marie vient de se lever et prépare le déjeuner, soudain la lumière devient progressivement éblouissante et crée un chemin lumineux où l’ange lui parle. Marie pourrait être effrayée mais l’ange la rassure.
Le lieu : Le narthex d’une abbaye(1), des colonnes à feuilles d’acanthes (2) supportent des ogives et ces colonnes reposent sur une ceinture de pierre taillée qui symbolise le fondement de l’église nouvelle, bâtie sur le roc (3). A gauche de l’édifice un jardin qui peut symboliser le Paradis terrestre, les herbes et les fleurs semblent êtres faites de points de tapisserie (Fra Angelico peintre du XVème s vit à l’époque où la tapisserie se développe, ce qui a pu l’influencer). Ce paradis est clôt par une palissade en bois, est-ce le symbole de la recommandation de Dieu donnée aux Homme ? Derrière la palissade est-ce le pommier ? Autre petit détail la petite fenêtre grillagée sur le mur de la salle du fond fait penser à un paysage flamand. Nombreux étaient les peintres flamands qui partaient étudier en Italie au temps de Fra Angelico (voir la peinture flamande primitive du XVème s.)
Les personnages : La Vierge n’est pas assise sur un trône mais sur un tabouret à trois pieds, celui-ci ne correspond pas à l’architecture mais peut représenter la Trinité, Marie a déjà été choisie. Elle est légèrement courbée et porte les bras croisés en signe de servante « Je suis la servante du Seigneur » (magnificat). Elle a déjà une auréole plus importante que celle de l’ange (Elle est déjà Sainte et réellement choisie par Dieu). L’ange Gabriel a aussi les bras croisés en signe de serviteur, il vient de la part de Dieu faire une demande à Marie, il est même agenouillé par respect, il est devant celle qui va porter le fils de Dieu.
Toute la scène est recueillie, on attend le fiat de Marie.
De Guido di Pietro, en religion Fra Giovanni (Fra Angelico) ou encore « Le Peintre des anges », nous savons rien de sa descendance ni de la date exacte de sa naissance. Il est né à une trentaine de Km de Florence sans doute vers 1400? Il est considéré comme l’artiste majeur du Quattrocento (4) Florentin. Il a consacré son talent aux thèmes bibliques. Il travaille aux effets de lumière comme expression de la spiritualité dans l’art.
La pureté de son art sera reprise au XIXème s. par les peintres de la rénovation de l’art chrétien, particulièrement par Maurice Denis, je traiterai cet artiste dans les prochains mois.
Fra Angelico est entré au couvent de San-Domenico de Florence fin 1417 dans l’ordre des Dominicains. Il sera baptisé Fra Angiovanni (frère Jean). Il est ordonné prêtre en 1427. Le surnom de « Fra Angelico » frère des anges lui est probablement attribué après sa mort vue la pureté de son art.
- Entrée d’église médiévale, cette œuvre peut représenter symboliquement la création de l’Eglise du Christ
- Indique les épreuves de la vie et de la mort, symbolisées par les piquants de la plante. Epreuves victorieusement surmontées.
- Grace au OUI de Marie la première église chrétienne va être créée.
- En italien quattrocento signifie « les années 1400 » ce qui correspond au XVe siècle.
Janvier 2023 – 25ème décor de « Merci les artistes »
« Elle roucoule, coule, coule…. » Bien sûr il s’agit de la Seine, la chanson de Guy Lafarge qui a enchanté le cœur de milliers de Parisiens et de bien d’autres. La Seine ce fleuve décrit par les poètes : Apollinaire, Prévert, Verlaine etc. sans oublier les chanteurs et chanteuses. Mais la Seine a été la muse des artistes peintres au long des siècles, depuis sa source à Saint-Germain-La Feuille (ou Saint Germain-Source-Seine) et son embouchure entre Honfleur et Le Havre. Du peintre amateur devant son chevalet par un beau dimanche de mai aux peintres les plus célèbres : Bonington, Turner, Th. Rousseau, Troyon, Dupré, Daubigny et nombre d’impressionnistes dont l’œuvre est liée au fleuve : Monet, Pissarro, Sisley, Caillebotte, Renoir, Seurat, Signac, Vlaminick et combien d’autres encore ?
Narcisse Hénocque est né sur les hauteurs de Rouen à Mont Saint Aignan. Il est l’élève de Joseph Delattre à l’Académie libre de Rouen. Cette ville a toujours encouragé les artistes peintres par des bourses, des prix et des expositions, on parlera de l’école de Rouen.
Les premières œuvres de Narcisse Hénocque : natures mortes, paysages des environs de Rouen sont fortement influencées par son maître Delattre. Ce n’est qu’après la 1ère guerre mondiale et la mort de son maître qu’il trouvera son propre style. Les bords de Seine autour de Rouen resteront pour lui ses lieus de prédilection. Ses œuvres sont douces et de tons nacrés. Il aura toujours une très belle mise en page comme dans cette peinture que je reproduis ici « La Seine à Bouille ». Les divers plans sont très bien tracés, voyez les quais et les bâtiments à droite. Un grand rideau de peupliers derrière quelques maisons, la Seine dans la brume de ce matin de neige où se perd la fumée d’un bateau qui glisse en silence sur l’eau froide de l’hiver.
Narcisse Hénocque semble nous faire visiter un coin qu’il connait bien et comme Monet il a dû prendre son carnet à croquis car Narcisse avait un bon coup de crayon. Relevons le col de notre manteau et suivons le dans le silence de ce paysage.
(Recherches : livre sur « la Seine Vue par les peintres » de François Lespinasse)
Mars 2023 – 26ème décor de « Merci les artistes »
Robert Antoine Pinchon (1885-1943)
Les usines à Eauplet (collection particulière)
Voici un autre peintre de Rouen : très jeune Robert-Antoine Pinchon fait preuve de dons pour le dessin et la peinture. Né en 1886, son père bibliothécaire est l’ami de Guy de Maupassant il est aussi auteur de pièces de théâtre ; Pinchon aura vécu dans une ambiance artistique. Après des études au Lycée Corneille à Rouen où il aura pour amis Pierre Dumont* et Marcel Duchamp* il fera preuve d’une très grande maturité, il aura sa première exposition particulière à 19 ans. Du début du siècle à la 1ère guerre mondiale Pinchon témoigne d’une très grande activité : expositions à Rouen, Le Havre et Paris, Société Normande de peinture moderne. Il excellera dans tous les styles : nature morte, composition décorative et surtout paysages des bords de Seine en aval et en amont de Rouen.
Dans le tableau que je reproduis ici « Les usines à Eauplet » l’œuvre est scindée en deux parties tracées en diagonale, en haut la Seine vaste plan d’eau s’étalant sur la droite et formant une île, cette partie est très lumineuse. En bas les usines et bâtiments beaucoup plus sombres qui font contraste avec la partie supérieure, et ces deux parties sont rattachés par les cheminées d’entreprise qui forment des verticalités, les fumées épousent la diagonale principale. Pinchon fait preuve d’un sens de l’harmonie et de la mise en scène remarquables. Cette toile exposée en 1937 à la Société Normande de Peintures modernes fait partie de la collection d’Henri Perrot à Rouen.
*Pierre Dumont (1884-1936) appelé aussi André Jallot peintre français rattaché à l’école de Rouen
*Marcel Duchamp (1887-1968) peintre, plasticien et homme de lettre. Naturalisé américain en 1955.
Bien souvent l’on retiendra dans l’une de ses œuvres « la Fontaine » qui a fait scandale et qui n’est autre qu’un urinoir inversé. Il sera dans les arts nouveaux avec des formes de peinture qu’il qualifiera de « réticienne » (mouvement animé : dans cet esprit voir l’Homme qui marche, par Étienne-Jules Marey (1890-1891).
Avril 2023 – 27ème décor de « Merci les artistes » – Mario Carl-Rosa (1855-1913)
Mario Carl-Rosa né à Loudun dans la Vienne est un peintre paysagiste que l’on peut
associer aux peintres impressionnistes. Il aime peindre de vastes paysages aux arbres
dépouillés, il affectionne aussi les paysages d’automne. C’est un être sensible qui
s’intéressera à tout ce qui touche l’art. Il écrira dans de nombreuses revues artistiques. Il
puisera son inspiration le long des berges de la Seine. Il exposera aux Artistes Français. Un
de ses paysages « Village en Lorraine » sera acheté par le Tsar Alexandre III sans doute
lors de sa venue en France en 1896 pour célébrer l’alliance Franco-russe crée en 1893. Il
participera à d’autres expositions avec des œuvres telles que « Portejoie à Argentan »
« Petit Andelys » et « Château Gaillard » exposés aux Champs-Elysées, puis « journée
brumeuse sur la Seine » « Petit bras de Seine » et « Entre Chatou et Carrière Saint-Denis »
exposés à la Sté des Artistes Français.
Le tableau que j’ai reproduit ici « Grosses eaux à Port-Pinché » (situé à Portejoie dans
l’Eure) a du être peinte lors de l’inondation de la Seine en 1910. Son imagination a dut
être marquée par le dépouillement du sujet, la finesse de ses arbres qui se reflètent dans
l’eau, son ciel tourmenté et ses lointains qui créent un grand espace où la fraicheur de
l’air circule, il y a là une grande habileté.
Mario Carl-Rosa est un peintre honnête, sensible à la nature et son œuvre reflète une
grande profondeur d’âme.
Décembre 2023 – 28ème décor de « Merci les artistes » :Charles-François Daubigny (1817-1878)
Né à Paris d’une famille d’artiste, élève d’abord de son père le peintre Edmé Daubigny qui exposa au Salon de 1819 à 1841. Charles-François, paysagiste que l’on peut classer dans l’école de Barbizon, proche des impressionnistes. Comme nombre peintres de son époque, il passe plusieurs mois de 1836 en Italie, cela faisait partie d’un rite initiatique. Ce séjour finissait le temps d’études pour les artistes, ils y étudiaient les œuvres antiques, c’était aussi un enjeu pédagogique, temps indispensable pour se construire en tant qu’artiste. Rome était devenu le point de rencontre des artistes d’Europe dès la première moitié du XVII siècle. L’influence de ce séjour laissera bien souvent de fortes traces dans les œuvres de ces artistes (voir Corot). Nombres d’artistes de talent étaient invités à un séjour à la Villas Médicis (Fondée en 1666), cette Académie de France à Rome a toujours joué un grand rôle dans la vie culturelle.
A son retour, il travaille comme illustrateur fournissant à des maisons d’édition et des magasines des dessins, parfois même le fond d’une illustration. Il apparait une première fois au salon. A partir de 1838 il ne cessera de peindre, une peinture très claire souvent lumineuse, annonçant déjà l’impressionnisme. En 1839 il exposera « des vues d’Isère », en 1843 « une vue de Choisy-le-Roi » et l’année suivante « Le carrefour du nid de l’aigle », Après deux ans d’absence il revient avec des paysages de plein air. En 1851 il expose sept paysages. Son goût évolue de plus en plus pour les paysages de bord de rivière, il finira par équipe une barque en atelier qu’il appellera « Le bottin » ce qui veut dire pour les lavandières « petite boite ». Avec son bateau atelier il parcourra tout le bassin de la Seine mais aussi l’Oise, l’Yonne et l’Epte. Il aura une excellente vision du fleuve et des rivières. Il obtiendra les médailles de 2ème classe puis de 1ère classe au salon et sera mis hors concours en 1886.
Le tableau que je reproduis ici « La Seine aux environs d’Argenteuil » par les dispositions de ses différents plans, les bâtiments de gauche et ce fond lumineux sont bien typiques de l’art Italien, la présence des moutons en bord de rivière seraient de l’école de Barbizon et le ciel et les reflets dans l’eau seraient impressionnistes. Si Daubigny avait vécu quelques années de plus il aurait sans doute rejoint le groupe impressionniste. Pour ceux qui habitent ma région vous pouvez voir ce tableau au musée de l’Archevêché à Limoges (un petit dépoussiérage lui rendrait sa luminosité).
pour rappel, les textes et interprétations d’Œuvres sont réalisées par Raymond WEYTENS